Florence Hocq, DG Leborgne : « Créer un modèle durable où la santé de celui qui habite, comme celle de celui qui construit, est centrale »
Au moment où notre pays sort progressivement la crise sanitaire mais doit faire face à ses conséquences économiques, la directrice générale de Leborgne s’exprime.
Au moment où notre pays sort progressivement la crise sanitaire mais doit faire face à ses conséquences économiques, la directrice générale de Leborgne s’exprime. Depuis le siège savoyard de l’entreprise, où la majorité des effectifs a repris l’activité, elle fait le point sur la gestion de cette période inédite, sur ses conséquences et sur les perspectives avec la volonté de s’appuyer sur « nos gammes d’outils performants, notre proximité avec les clients et notre sens de l’innovation… »
Comment Leborgne a passé la crise sanitaire que nous avons vécue ?
Florence Hocq : Nous l’avons affrontée au jour après jour, en nous adaptant à la situation et en essayant de prendre les mesures qui s’imposaient. Tout en faisant évidemment de la santé de nos équipes une priorité, notre objectif a été d’ajuster le plus possible nos moyens aux besoins exprimés par nos clients. C’est pour cette raison, que nous avons maintenu les livraisons de nos outils et assuré la continuité de service en télétravail. La production au sein de l’usine d’Arvillard a cessé 4 semaines et a repris progressivement dès le mois d’avril en suivant le plan de reprise d’activité établi avec le comité hygiène et sécurité interne. Aujourd’hui, tout se passe bien, chacun joue le jeu en respectant les nouvelles consignes. Le point positif est que nous n’avons eu à déplorer aucun cas de Covid-19 au sein des effectifs.
En tant que dirigeante, comment traverse-t-on une telle période ?
Florence Hocq : Je dirais que l’on sent d’autant plus de responsabilités d’une façon générale. La responsabilité de la santé de ses collaborateurs bien sûr, et dans ce sens, c’est mon rôle de rappeler quotidiennement les règles à chacun. Mais la responsabilité aussi, et surtout, de sauvegarder l’entreprise et l’emploi. Pour cela, nous avons travaillé ensemble pour adapter les charges et couts fixes comme variables et conserver un certain équilibre financier. J’ai aussi particulièrement mis l’accent sur la communication pour garder le lien. Nous avons fait des réunions de crise chaque jour avec le groupe et hebdomadaires avec les managers pour les informer de la situation sur les questions commerciales, logistiques ou industrielles. C’est sûr que la période a été très intense !
« Une année délicate mais un état d’esprit positif pour rattraper le manque à gagner ! »
Quelles sont les conséquences pour Leborgne et quelles sont les perspectives ?
Florence Hocq : Vu les 3 mois passés et l’incertitude des prochains, c’est une année qui va naturellement être délicate. Pour amortir l’impact de la crise, nous avons mis en place des plans d’économie sur l’ensemble de nos projets. Mais nous sommes dans un état d’esprit positif avec la volonté de nous appuyer sur nos gammes d’outils performants, notre proximité avec les clients et notre sens de l’innovation afin de rattraper le manque à gagner ! Nous n’avons pas ralenti nos approvisionnements et nous continuons à constituer des stocks pour être prêts à répondre aux besoins des distributeurs. Car nous avons toujours été au plus près d’eux durant cette période.
Au sein de l’entreprise que va-t-il rester de cet épisode ?
Florence Hocq : Les méthodes de travail ont changé pendant le confinement et certaines vont perdurer. A titre personnel, je ne suis pas 100% convaincue par le télétravail, mais on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses que l’on arrivait à faire à distance. Grâce aux outils de visio-conférence, on peut, par exemple, réduire nos déplacements et organiser des réunions avec les partenaires et les clients que l’on connait bien. C’est de l’énergie économisée et c’est bon pour la planète ! L’autre enseignement, c’est que la façon de vendre est aussi certainement en train d’évoluer. Distanciation oblige, la plupart des rendez-vous en clientèle vont se faire à distance au moins jusqu’en septembre. Donc il faut s’adapter, adopter de nouvelles méthodes. Les spécialistes affirment qu’au plan psychologique, on ne conduit pas un entretien en visio de la même façon qu’en face to face. Il y a des choses à savoir et des techniques à connaître, il faut qu’on accompagne nos équipes en ce sens.
Des liens renforcés avec les clients et une marque refuge pour le public
Et la relation avec vos clients a-t-elle évoluée ?
Florence Hocq : Notre directeur commercial, Jean-Michel Jaillet, pourrait le dire mieux que moi, mais oui, nous avons le sentiment que cette crise a resserré les liens. Le fait d’avoir été présents à leurs côtés, d’avoir pris régulièrement des nouvelles, d’avoir échangé sur des sujets plus personnels, d’avoir été à leur disposition et de ne pas avoir fermé notre service logistique, a été très bien perçu. Ensuite il y a la marque Leborgne. Dans une période comme celle-là, les gens se tournent, pour certains, vers les premiers prix, mais les autres se rattachent à des repères forts, à une notoriété, et vont vers ce que l’on peut appeler des marques refuges. La qualité de nos outils et notre identité d’industriel français sont plébiscitées. Ce sont des éléments importants pour les distributeurs.
Justement, quels sont les échos en provenance des distributeurs ?
Florence Hocq : Dans l’univers de la GSB et des jardineries, ils sont repartis très fort. Le grand public est bien revenu dans les magasins. Ils ont fait de bonnes performances sur le mois de mai et se mettent en ordre de bataille pour récupérer le chiffre d’affaires qu’ils ont perdu. En revanche, côté clientèle professionnelle, ça paraît plus compliqué à cerner parce qu’ils sont tributaires de l’activité de leurs propres clients. On sait que la reprise est très progressive pour les secteurs du bâtiment et de l’industrie. Ils mettront du temps à retrouver le rythme de l’avant crise. Tout cela est lié à l’ensemble des mesures qu’ils doivent mettre en œuvre pour pouvoir redémarrer. Pour de petites entreprises, le plan de prévention peut se gérer, mais pour les grands groupes qui ont des chantiers répartis partout en France, c’est bien plus compliqué… L’autre problématique, ce sont tous les projets initiés par les collectivités. Je m’interroge sur la poursuite de ces chantiers alors que la trésorerie de l’État et des différents intervenants publics va être chamboulée par cette crise. Et tout cela aura un impact direct sur l’activité des négoces.
Leborgne plus que jamais engagé pour la prévention sur les chantiers et pour le développement du jardinage au naturel
La santé a été au cœur des préoccupations. Pensez-vous que cela peut accélérer encore la prise en compte de la prévention dans le monde professionnel et notamment dans le secteur du bâtiment ?
Florence Hocq : C’est effectivement une vraie question qui nous est posée à tous. Est-ce que cette période de crise va, comme en 2008, déboucher sur un repli uniquement économique avec des enjeux de survie des entreprises ? Ou est-ce que chacun : responsables politiques, organisations professionnelles, industriels, entreprises, artisans, salariés, etc. veut en sortir par le haut et profiter de cette période pour imaginer un modèle différent. Un modèle durable où la santé de celui qui habite, comme celle de celui qui construit, est centrale. J’appelle de mes vœux à ce que, ce que l’on nomme, le « monde d’après » intègre ce thème de la prévention des risques sur les chantiers. C’est un engagement fort que Leborgne porte depuis des années à travers notre politique de conception de gammes d’outils performants au service de la santé des utilisateurs. Et ce mouvement, nous sentions qu’il prenait de plus en plus au sein des entreprises. Il ne faudrait pas que cette dynamique s’inverse. Tous les acteurs engagés doivent rappeler que la prévention est un investissement durable !
Côté grand public, le confinement a été une opportunité unique pour le développement du jardinage…
Florence Hocq : Oui, on a senti un véritable engouement ! La page Facebook de Leborgne qui fédère aujourd’hui une communauté de plus de 25 000 passionnés de jardin autour de conseils, d’astuces et de jeux-concours, a battu des records de fréquentation et d’engagement. Le jardinage au naturel a été un refuge pour tous ceux qui ont un bout de terre. Les plus habitués ont eu plus de temps pour s’occuper de leurs cultures et nombreux ont été les néophytes qui ont découvert les principes de la permaculture et la satisfaction de faire pousser leurs propres légumes. Nous les avons encouragés et accompagnés dans cette démarche. Il faut maintenant que les habitudes perdurent avec la vie sociale qui reprend. Mais tout cela participe à la prise de conscience environnementale et au retour du local. C’est très encourageant de voir que les outils Leborgne jouent un rôle dans cette tendance vertueuse !