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Jean-Louis Maillefer, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes : « Choisir le bon outil pour la bonne tâche »
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Sécurité - 29.11.2021

Jean-Louis Maillefer, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes : « Choisir le bon outil pour la bonne tâche »

Jean-Louis Maillefer, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes : « Choisir le bon outil pour la bonne tâche »

C’est l’un des secteurs les plus exposés aux risques : le BTP regroupe à lui seul près de 14% des accidents du travail et plus de 15% des maladies professionnelles reconnues en France en 2018 alors qu’il ne représente que 8% des salariés. L’ensemble des acteurs doit donc rester attentif et renforcer leurs démarches de prévention. Parmi ces acteurs, la Carsat (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) Rhône-Alpes s’implique très largement pour faire baisser les risques au sein des entreprises du bâtiment et des travaux publics. Le groupe Leborgne, très engagé sur le terrain de la prévention, s’intéresse de près à cette démarche globale de la Carsat… Explications.

 

Qu’est-ce que la Carsat ?

 

La Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail est un organisme privé chargé de l’exécution d’une mission de service public. Elle relève de la Sécurité sociale. La Carsat repose sur un système paritaire, composé pour moitié d’organisations patronales et pour l’autre de syndicats représentants des salariés. Elle met en œuvre des politiques institutionnelles dans le domaine de la retraite, de l’accompagnement social et de la prévention des risques professionnels.

 

Risques professionnels : les missions de la Carsat

 

La Carsat est l’organisme de référence en matière de risques professionnels dans le secteur du BTP. Elle a pour mission de coordonner et développer la prévention des risques d’accidents et de maladies professionnelles. Pour se faire, elle dispose de plusieurs leviers d’action :

 

- Les enquêtes d’accident du travail

Comme l’explique Jean-Louis Maillefer, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes, l’organisme s’intéresse prioritairement aux causes des accidents du travail : « Nous menons ces enquêtes aux côtés de l’Inspection du Travail. Nous intervenons dans le cadre de la responsabilité civile, pas de la responsabilité pénale. Dans nos rapports, nous établissons des arbres des causes. Via cette méthode, nous ne recherchons pas les responsabilités mais les causes pour mettre en place des actions correctives et ainsi éviter que la situation se reproduise. »

Jean-Louis Maillefer, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes : « Choisir le bon outil pour la bonne tâche »
 Jean-Louis Maillefer, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes

 

- Prévention

La recherche des causes est évidemment très liée à la seconde mission de la Carsat, la prévention, qui repose sur les 9 principes généraux de prévention du code du travail. Les voici : éviter les risques, évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités, combattre les risques à la source, adapter le travail à l’homme, tenir compte de l’état de l’évolution de la technique, remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est pas ou moins, planifier la prévention, prendre des mesures de protection collective (plutôt qu’individuelle), donner des instructions adaptées aux travailleurs. La prévention à la Carsat prend alors la forme de contrats et de programmes de prévention.

 

- Contrats de prévention et SP TPE (Subventions Prévention TPE)

Avec les contrats de prévention, la Carsat peut agir directement auprès des entreprises. C’est ce que rappelle Jean-Louis Maillefer : « Nous pouvons donner des subventions aux entreprises, soit par le biais des SP TPE (entreprises de moins de 50 salariés), soit par le biais des contrats de prévention (entreprises de moins de 200 salariés) grâce auxquelles on peut verser jusqu’à respectivement 25000 ou 40000 euros à une entreprise. » Les SP TPE ciblent des risques professionnels dans des secteurs spécifiques. Elles doivent inciter les entreprises à investir dans des équipements, des formations ou des études de prévention des risques professionnels.

 

- Programmes de prévention

La Carsat met aussi en place des programmes de prévention : « Ce sont des programmes sur les troubles musculosquelettiques (TMS), des programmes sur les chutes de hauteur, des programmes sur les risques chimiques, etc.

 

Les PME et métiers du gros-œuvre particulièrement ciblés

 

Quel est le public visé par la Carsat ?

 

Ce sont les métiers et les types d’entreprises les plus touchés par les maladies professionnelles et les accidents du travail, bien identifiés par Jean-Louis Maillefer : « Le BTP, en Rhône-Alpes, c’est une dizaine de décès par an et environ 2 handicapés par jour. Même si 90% des entreprises du BTP sont des TPE de moins de 10 salariés, ce sont bien les PME qui sont les plus touchées. »

Les plus petites entreprises sont en effet plus suivies par la médecine du travail et les IPRP (Intervenants en Prévention des Risques Professionnels), tandis que les plus grandes entreprises et les majors bénéficient quant à elles de services QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) dédiés. Entre ces deux types d’entreprises, il n’y a ni service QHSE en interne, ni encadrement spécifique de l’entreprise.

Par ailleurs, certains métiers sont beaucoup plus touchés que d’autres dans ces PME. Selon la Carsat : « Dans l’ordre, les métiers que l’on cible le plus sont : le gros-œuvre, le charpentier-couvreur, l’étancheur et le façadier. Ce sont en fait tous ceux qui s’occupent de l’enveloppe extérieure du bâtiment. Les risques les plus importants étant les TMS et les chutes de hauteur. Mais il y a aussi le plâtrier, le carreleur ou encore l’électricien également très touchés par les TMS. »

 

L’impact des risques professionnels dans le BTP

 

L’ennemi n°1, ce sont les TMS, les troubles musculo-squelettiques. Parmi les maladies professionnelles reconnues en 2018, 85% sont liés au TMS, leur part ayant augmenté de 60% en 10 ans. En tant que contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes, Jean-Louis Maillefer constate à quel point c’est un problème considérable pour les entreprises : « Cela handicape de façon importante les entreprises au niveau financier. Il y a un enjeu économique très fort. Un arrêt de travail, c’est une compétence, une expérience et une possibilité de transmettre aux plus jeunes qui s’en va. »

Dans le BTP, les risques professionnels représentent pas moins de 8 millions de journées de travail perdues par an dans le cas d’accidents du travail. Si l’on tient compte des coûts directs et indirects, les conséquences financières des accidents du travail et des maladies professionnelles dans les métiers de la construction sont estimées à 5% des coûts des ouvrages.

 

Le choix d’une approche globale

 

A la Carsat, les équipes ne s’intéressent pas qu’aux équipements de protection individuelle (EPI). Une approche de prévention beaucoup plus globale est adoptée. C’est ce que souligne Jean-Louis Maillefer : « Les accidents n’arrivent pas seulement parce qu’une personne n’a pas porté son casque ou ses gants. Deux tiers des accidents du travail interviennent du fait de l’organisation. Il est donc important d’intervenir à tous les niveaux et pas seulement auprès des chefs de chantier. »

 

- L’importance du dialogue social

Pour Jean-Louis Maillefer, « le gros défaut des entreprises aujourd’hui est de ne pas avoir suffisamment de dialogue social. Jusqu’à 50 salariés, ce dialogue social existe. Mais quand on dépasse ce seuil et qu’on y ajoute autant d’intérimaires, des problèmes apparaissent avec parfois des économies réalisées sur l’encadrement. Au-delà de 200 salariés, les majors comme Bouygues, Vinci ou Eiffage ont automatiquement un QHSE dans l’entreprise, mais il n’est pas toujours suffisamment humain. Il y a souvent un fonctionnement trop vertical avec peu de dialogue social. »

 

- Former est essentiel

A la Carsat, Jean-Louis Maillefer ne néglige pas non plus le manque de formation, parmi les causes des accidents du travail : « la formation des salariés et des intérimaires est bien trop souvent oubliée même si les entreprises commencent à se faire taper sur les doigts par l’Inspection du travail ». Pour pallier ce défaut de formation, des entreprises de gros-œuvre notamment commencent à s’y intéresser : « Des formations sont en train d’être montées avec l’appui de la Fédération Française du Bâtiment et de la Carsat, en lien avec le travail réel. Ces nouvelles formations vont faire avancer les choses. Et à force d’améliorer les conditions de travail, on arrivera à faire revenir les jeunes, hommes et femmes, dans le métier. »

 

- Des outils innovants destinés au collectif

Les outils sont aussi pris en considération par la Carsat mais ils doivent répondre à certains critères : « Nous ne sommes pas sur l’idée d’un outil de protection individuelle. L’outil doit être au service du collectif. On recherche aussi du matériel qui soit innovant. L’exemple que j’ai en tête est par exemple celui d’un étai, non plus en métal mais en fibre de carbone. Cette innovation permet de manipuler des étais beaucoup plus légers et de diminuer considérablement la sensation de fatigue à la fin de la journée. A la Carsat, notre idée de l’outil est in fine d’avoir de bons outils et de choisir le bon outil pour la bonne tâche. Utiliser l’outil adapté est très important notamment dans la prévention des TMS. » Jean-Louis Maillefer rappelle toujours que l’utilisation de l’outil est à associer à la notion d’organisation : « Parfois, il n’est pas nécessaire de bénéficier d’un manche télescopique. Il est plus intéressant de monter sur une PIRL (plateforme individuelle roulante légère) ou une nacelle pour avoir les bras à la bonne hauteur. »

 

Des industriels comme le groupe Leborgne ont leur rôle à jouer

 

Pour Jean-Louis Maillefer, il est très intéressant que le groupe Leborgne dispose d’un ergonome. Pour comprendre l’ergonomie et le travail réel, « il est indispensable que cet ergonome puisse aller plus loin en allant à la rencontre des ergonomes de la Carsat. »

Des outils élaborés par le groupe Leborgne sont déjà jugés très pertinents par le contrôleur de sécurité de la Carsat Rhône-Alpes : « Quand je vois que vous faites des marteaux avec des embouts anti-vibrations pour poser les bordures, c’est une très bonne chose. Là, il s’agit davantage d’une disposition de protection individuelle. Nous nous intéressons surtout à des outils de protection collective (échafaudages, …). Et si l’on regarde des outils comme le Toucan pour soulever les plaques d’égout, cela nous intéresse encore plus parce qu’on sait que l’on va peut-être pouvoir l’intégrer à nos contrats de prévention, que ça va faciliter le travail. Quand je vois aussi le grattoir télescopique, là encore ça m’intéresse beaucoup ». Ce n’est donc pas un hasard si aujourd’hui, les outils de la gamme Nanovib de Leborgne visent tout particulièrement la diminution des TMS grâce à l’amélioration des postures et la réduction du poids.

A l’avenir, la Carsat aimerait voir les industriels s’intégrer dans un réseau encore plus large autour de la prévention. Son idée ? Que chacun des acteurs de la prévention adopte cette démarche globale auprès et au sein des entreprises, à la fois opérationnelle et organisationnelle. Le groupe Leborgne, fortement engagé, compte bien apporter sa pierre à l’édifice de la prévention !

 

 


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