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Les Jardins de Pompoko ou le maraîchage sur sol vivant
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Jardin - 25.05.2022

Les Jardins de Pompoko ou le maraîchage sur sol vivant

Les Jardins de Pompoko ou le maraîchage sur sol vivant

Changement de vie – et d’outils – pour Jean-Marie Kirissis ! En 2018, cet ancien militaire décide de raccrocher son uniforme pour le troquer contre un tablier de maraîcher. Avec l’aide de sa compagne Mélanie, il s’installe à Creys-Mépieu (Nord-Isère) et se lance dans une activité singulière en plein essor : le maraîchage sur sol vivant. Mais avec quels outils ? Attentif aux nouvelles tendances, Leborgne accompagne ces techniques. C’est ainsi que notre jeune maraîcher des Jardins de Pompoko collabore depuis plusieurs années à l’élaboration d’une gamme d’outils Leborgne dédiée au maraîchage. Rencontre en plein champ, avec ce maraîcher particulièrement investi…

Comment vous êtes-vous lancé dans l’aventure du maraîchage ?

Jean-Marie Kirissis : Après avoir fait 6 ans d’armée, j’ai passé un diplôme de cordiste, puis c’est en rencontrant ma compagne, Mélanie, que l’on s’est rendu compte que nos activités ne nous convenaient pas. Nous avons alors décidé de nous lancer dans le maraîchage. Nous voulions avoir une chambre d’hôte et une table d’hôte à la japonaise, Mélanie étant binationale. Et nous nous sommes très vite dit que nous allions faire pousser nos propres légumes pour alimenter notre table d’hôte. Comme mes beaux-parents étaient agriculteurs à la retraite, nous avons pu disposer d’un terrain à Creys-Mépieu, en limite de l’Ain au bord du Rhône. La nouvelle aventure a alors commencé…

Les Jardins de Pompoko ou le maraîchage sur sol vivant

Et concernant le maraîchage sur sol vivant, avez-vous tout de suite adhéré à ses principes ?

Jean-Marie Kirissis : Non, mais c’est arrivé très naturellement ! J’ai d’abord commencé à me former en permaculture, mais cela ne me convenait pas, car ce n’était pas du maraîchage. Et puis par le biais de vidéos sur internet, celles de François Mulet et de sa Ferme de Cagnolle notamment, j’ai fait connaissance avec le maraîchage sur sol vivant (MSV). J’ai tout de suite compris que c’était ce que je souhaitais faire. C’était mécanisé, avec peu de travail de sol mais beaucoup d’apports de matières organiques. J’ai alors décidé de me former et j’ai finalement réalisé ma première production en 2018. C’est donc encore très récent. Nous avons commencé avec 800 m2 de culture et aujourd’hui, nous atteignons 4000 m2 de culture plein champ et 1200 m2 de serres, c’est vraiment super !

 

« Regarder ce qui se passe dans son sol pour adapter l’itinéraire de culture »

 

Aujourd’hui, quelles sont vos productions ?

Jean-Marie Kirissis : Nous cultivons une quarantaine de variétés de légumes : 20% de légumes asiatiques et 80% de légumes traditionnels. Nous travaillons toute l’année et nous vendons toute notre production en direct avec une vente à la ferme une fois par semaine, des paniers pour une AMAP et trois restaurants gastronomiques. Il y a une très forte demande et peu de concurrence puisque nous sommes plutôt sur des terres très sableuses au milieu des grandes cultures céréalières, c’est intéressant.

 

Quelle est votre définition du maraîchage sur sol vivant ?

Jean-Marie Kirissis : Dans le maraîchage sur sol vivant, il y a des principes, mais il n’y a pas de dogme, pas de règles. Il faut d’abord regarder ce qui se passe dans son sol pour pouvoir adapter le meilleur itinéraire de culture possible. Aux Jardins de Pompoko, par exemple, nous avons fait le choix de ne pas du tout travailler notre sol en profondeur parce qu’il ne s’y prête pas. C’est un sol qui était faible en matière organique, c’est-à-dire faible en faune du sol, soit en fait tous les micro-organismes que l’on cherche à préserver en maraîchage sur sol vivant. A l’inverse, un labour mélangerait les couches du sol et détruirait complètement la vie du sol. Chez nous, en ne travaillant pas le sol, nous laissons le sol travailler pour nous, via par exemple les vers de terre qui sont d’énormes travailleurs de sol. En les préservant, nous augmentons la fertilité du sol, nous avons davantage de nutriments plus facilement accessibles pour les plantes. Et finalement, elles poussent mieux.

 

« Le paillage, c’est très bien, mais il faut le faire au bon moment ! »

 

Est-ce que tous les sols se prêtent à cette technique ?

Jean-Marie Kirissis : Beaucoup de terres s’y prêtent. Après, cela va dépendre des itinéraires de culture que l’on va apporter. Aux Jardins de Pompoko, on va se permettre de ne pas travailler le sol, parce que nous avons un sol très drainant qui ne se compacte pas. On peut se permettre de poser toute la matière organique en surface et elle sera incorporée au sol. Mais si on fait cela sur un sol argileux, il ne va pas du tout se passer la même chose. Selon la typologie du sol, il va donc falloir adopter des pratiques différentes. Sur notre sol sableux, nous avons pu apporter beaucoup de matière organique. Nous sommes sur un territoire où nous avons accès à une plateforme de déchets verts. Nous récupérons la matière bien avant le compostage et nous la posons directement sur le sol. C’est une matière très vivante, assez carbonée. Nous allons l’épandre généralement à l’automne pour cultiver au printemps.

 

Quels conseils donner à celles et à ceux qui souhaitent se lancer dans le maraîchage sur sol vivant ? Les erreurs à ne pas commettre ?

Jean-Marie Kirissis : On entend beaucoup parler de paillage. Si vous paillez le sol avec une bonne épaisseur à l’automne, vous pouvez être sûr que ce ne sera pas décomposé au printemps et que le sol ne va pas se réchauffer. Ce sont malheureusement des erreurs assez courantes. Le sol ne se réchauffe pas, on plante dans la paille et ça ne pousse pas. C’est très bien de pailler son sol mais il faut pailler au bon moment. Ensuite, il est essentiel de bien connaître son sol, de bien déterminer sa typologie, d’arriver à savoir s’il y a de la vie dedans : si c’est plutôt argileux, sableux ou encore limoneux, s’il y a beaucoup de vers de terre, si c’est un sol qui est travaillé depuis longtemps, s’il y a des herbes qui poussent naturellement.

 

« Le maraîchage sur sol vivant nécessite des outils spécifiques »

 

A quoi cela sert-il ?

Jean-Marie Kirissis : Tout cela peut permettre de savoir s’il y a trop d’azote ou s’il y a un manque en quelque chose. Et en fonction de sa connaissance du sol, on pourra adapter la bonne pratique. Les apports seront différents. Si vous avez un sol déjà bien gorgé de vie, il ne sera pas utile de lui en apporter beaucoup.

 

Vous travaillez peu votre sol. Comment les outils entrent dans votre pratique du maraîchage sur sol vivant ?

Jean-Marie Kirissis : Je me suis d’abord un peu mécanisé avec l’achat d’un petit tracteur parce que je déplace beaucoup de matière organique. Après, comme on plante de grandes quantités, nous avons des plants qui arrivent en mini-mottes. Et ces mottes, il faut les mettre en place rapidement dans une grosse épaisseur de paille. Nous avons donc besoin d’outils qui perforent la paille sans l’amener au fond du trou. C’est sur ce type de problématique que nous avons commencé à travailler avec le groupe Leborgne : c’était dès 2017 alors que j’étais en stage chez Cyrille Fatoux, dans le sud de l’Isère. Une vraie collaboration pour élaborer de nouveaux outils s’est alors mise en place.

 

« Leborgne nous fait tester les prototypes puis les améliore »

 

Justement, comment se passe cette collaboration au développement des outils de maraîchage Leborgne ?

Jean-Marie Kirissis : Très bien, au point qu’elle se poursuit ! En fait, nous sommes une petite dizaine de maraîchers. Lorsque nous nous sommes réunis avec l’équipe R&D de Leborgne l’année dernière, elle nous a présenté plusieurs prototypes. Nous les avons répartis sur les différentes exploitations pour que nous puissions tous les essayer. Et nous les avons fait tourner pour qu’il y ait à chaque fois plusieurs avis. Nous sommes aussi en lien sur WhatsApp pour faire des photos, des vidéos et échanger nos commentaires sur les outils. Grâce à nos retours, l’idée est que Leborgne puisse les améliorer. Ce sont de très bon outils que j’utilise vraiment très souvent. C’est prometteur !

 

Avec tous ces tests que vous réalisez, pour vous, qu’est-ce qu’un bon outil ?

Jean-Marie Kirissis : On aimerait tous un outil qui puisse tout faire, mais ce n’est pas possible ! (rires) Plus sérieusement, le bon outil, c’est celui qui est robuste d’abord, qui dure dans le temps. Ou alors, il faut que les pièces soient faciles à changer. Il faut donc de bons matériaux pour une solidité à toute épreuve ! Et puis, tout simplement, le bon outil doit faire le boulot qu’on lui demande. Il doit être efficace. Le critère de l’ergonomie peut aussi être important. Je vois passer des stagiaires pour lesquels il peut être difficile de travailler toute la journée avec un outil qui ne serait pas suffisamment ergonomique.

 

« Le bon outil du maraîcher ? Robuste, efficace et ergonomique ! »

 

Que pensez-vous de votre collaboration avec Leborgne ?

Jean-Marie Kirissis : Les membres de l’équipe de Leborgne sont très à l’écoute, très attentifs à nos retours. Ils sont très investis dans ce modèle de maraîchage. C’est vraiment important de voir qu’ils s’y intéressent de près parce qu’il y a un besoin réel. Il est vrai que ce sont des pratiques assez récentes et il y a certains outils qu’on ne trouve pas ou qu’on trouve ailleurs qu’en France, au Canada ou aux États-Unis. Ce sont des outils qui coûtent chers et qui viennent de loin. C’est beaucoup plus pertinent de les développer plus près de chez nous. C’est donc une collaboration qui se passe très bien et que je suis décidé à poursuivre pour que les choses continuent d’avancer. C’est très intéressant de voir l’évolution d’un outil et de savoir quand il sera commercialisé, d’autres maraîchers pourront en profiter !

 


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